05/12/2013

[Lectures] Le monde selon Camus

C'est un visage nouveau d'Albert CAMUS que sa fille nous donne à connaître dans son magnifique ouvrage intitulé : Le monde en partage. Le voyage auquel elle nous convie propose un autre regard sur la mondialisation. Un horizon qui dépasse les limites de la méditerranée à laquelle on fige avec retenue la pensée de midi de l'écrivain. Et l'on découvre ce concept cosmopolite à l'image de ses romans traduits dans toutes les langues. 


Le soleil de la méditerranée. Bien évidemment, l'Algérie illustre les premières images comme la ville d'Alger qui constitua le premier environnement de son enfance. Cette corde sensible qu'il conserva en lui tout le reste de sa vie. Et également les autres côtes qui forment ce cercle méditerranéen comme structure de sa pensée. L'Espagne, l'Italie et la Grèce. La mer incandescente des reflets du soleil, les récifs, rochers où Sisyphe semble rouler sa pierre et le visage de l'autre, jamais étranger tant qu'il demeure fidèle à la terre. 
Sensible à la terre, il confie : Au matin à Tipasa la rosée sur les ruines. la plus jeune fraîcheur du monde sur ce qu'il a de plus ancien. C'est là ma foi et selon moi le principe de l'art et de la vie. Carnets III.

L'Europe face à l'absurde. Dans le rapport qu'il entretient avec les métropoles, Albert CAMUS n'oublie pas de célébrer le talent de ses homologues artistes. Qu'ils s'appellent Franz KAFKA à Prague, Van EYCK ou REMBRANDT au Pays-Bas mais encore René CHAR en France, le journaliste CAMUS éclaire les talents littéraires, picturaux ou poétique de ses contemporains comme une source d'inspiration et résistance l'oppression totalitaire de ce milieu de 20ème siècle. 
Et de déclarer : L'anarchie de notre société internationale tient justement au fait à ce que chaque nation n'obéit qu'à elle-même à un moment où il n'y a plus d'économie nationale. Actuelles 1

Le monde idéal. La dignité humaine selon Albert CAMUS s'articule entre justice et liberté avec un commandement intangible. Celui de toujours regarder la réalité en face afin d'en dégager une substantifique vérité. C'est cette réflexion authentique qui le conduit à un existentialisme radical lorsqu'il aborde la question du suicide, du meurtre. Autant de sujet dont la connotation absurde qui pousse à la révolte invite l'homme à aimer la vie dans toute sa complexité. Le monde est beau dit-il et hors de lui point de salut
Dans ce monde déchiré en deux blocs que forment la Russie d'un côté et les Etats-unis de l'autre, l'artiste invite à prendre le parti du peuple à travers l'empathie.Ultime recours au sens dans un monde où se défont les idéologies. Seule la terre est féconde et force le respect.   
Visionnaire, il déclare : Dans dix ans, dans cinquante ans, c'est la prééminence de la civilisation occidentale qui sera remise en question. Autant donc y penser tout de suite et ouvrir le Parlement mondial à ces civilisations, afin que sa loi devienne vraiment universelle, et universel l'ordre qu'elle consacre. "Ni victimes, ni bourreaux", 27 novembre 1946, COMBAT

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A travers cette part inédite de son artiste de père, Catherine CAMUS replace celui-ci en plein coeur des enjeux du 21ème siècle. Et de nous révéler en fait deux secrets. Le souci de la nature comme matière première qui nous renvoie au développement durable ; l'ouverture au monde qui résonne comme une clef dans la résistance au repli sur soi. Elle fait de ces deux territoires - la planète et la société des nations - les alter-égo de tout engagement humaniste.

Le monde en partage, itinéraires d'Albert CAMUS, Catherine CAMUS, Gallimard, 2013

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