27/02/2012

[Expertise] La planète vue de l’assiette

    
Se nourrir est vital. Bien manger est devenu fondamental. Pour la santé autant que pour la planète. Car bien manger ne signifie pas que satisfaire son ventre comme  le préconise Rabelais, il s’agit de porter un regard averti pour ne pas dire citoyen sur  son assiette. Il n’y aura pas de durabilité agricole sans durabilité environnementale affirment un groupement d’environnementalistes emmené par Jacques CAPLAT dans une tribune du journal Le Monde. Au moment de la tenue du salon de l’Agriculture et à quelques mois seulement de la renégociation de la PAC européenne, il n’est sans doute pas de meilleure période pour lancer le sujet.  Ce double enjeu qui nous concerne chaque fois que nous faisons nos courses, repose sur chacun, qu’il soit consommateur ou producteur.

[La politique agricole marque un fil ininterrompu entre l’individu qu’elle nourrit et la nature qu’elle ne peut que préserver car c’est le berceau de sa matière première. En ce sens la question agricole est une préoccupation globale : de la préservation de l’eau qu’il importe de protéger des nuisances toxiques jusqu’à l’étiquetage des denrées alimentaires  en passant par la qualité de la production.]

Qu’on se le dise clairement, l’exploitation agricole qui nous est parfois présentée sous la forme d’une usine réunissant une équipe d’agriculteurs salariés n’est en aucun cas un archétype à suivre. Ce modèle qui n’en est pas un, incite à une agriculture massive et à un étalement géographique des cultures pour nourrir les bêtes. L’agriculture industrielle et intensive porte un impact sanitaire négatif et malheureusement décisif sur l’environnement tant naturel que social. C’est le fruit d’une agriculture déshumanisée où le produire plus devient la garantie de la survie des exploitants. Mais cette course au profit dessert plus qu’il ne rassasie. Que ce soit l’agriculteur qui doit investir à crédit sans cesse dans les machines ou le terrain, et le  consommateur qui, ne voit que baisser la qualité des produits sans qu’il en aille de même avec les prix.  Le fonctionnement à travers des exploitations à taille humaine demeure pertinent dès lors qu’il y a regroupement sous la forme de coopératives. Ce statut permet de rompre un isolement qui réfrène la profession en assurant une mutualisation tant sur les échanges de services, que sur la complémentarité de la production. C’est une manière aussi de privilégier la proximité avec les AMAP et autres groupements de vente locale. 
A l’image de toutes les activités qui nécessitent la mobilité des biens entre les zones de productions, l’empreinte écologique est l’enjeu phare. A ce titre, l’approvisionnement doit être le plus local possible. De nombreuses enseignes de grandes surfaces l’ont compris et en usent à coup de marketing. Mais pour ce faire, encore faut-il que les magasins de vente se trouvent dans des régions de productions agricoles. Sur ce point, la France est bien lotie car il n’est pas une région qui ne cultive. Cependant, la tentation est grande d’importer des produits afin d’approvisionner en choix sur l’ensemble  de l’année. Notamment en ce qui concerne les fruits et légumes. C’est là un point sur lequel le consommateur a un rôle à jouer dans la mesure où c’est sur lui que repose l’offre. Il nous incombe de préférer les aliments de saison. Le « produire local » défendu par Corinne LEPAGE vise à restructurer la filière agricole en privilégiant des circuits courts d’exploitation.
Enfin, l’information du consommateur qui passe par un étiquetage compréhensible est une des clés de la chaine. C’est l’aboutissement du processus mais c’est surtout la garantie que les étapes sont respectées. Cette traçabilité doit être la condition indiscutable pour l’enseigne qui commercialise les produits. Mais cela ne suffit pas. Le consommateur ne peut croire aveuglément les magasins dans lesquels il fait ses courses, il lui faut pouvoir vérifier par lui-même l’origine des denrées qu’il achète. 
F-X.H

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