12/09/2013

[Portrait] Un regard éthique

En hommage au philosophe Albert JACQUARD, je publie ce post. D'aucuns le décrivent comme un scientifique en raison de son statut de généticien. Mais pour tous ceux qui ont lu son oeuvre, avec lui, la science est à considérer dans son acception la plus large et laisse une place à l'intuition. La méthode qu'il emploie pour décrypter le sujet humain est rationnelle mais la connaissance qu'il livre est pétrie d'affects. Le regard que cet humaniste porte sur le monde est tout à la fois ouvert, tendre et lucide. 

Quand un généticien se prend à pratiquer la philosophie, cela peut surprendre. Il n'y a vraiment rien de paradoxal mais disons cela peut paraître à  tout le moins hors de propos. Est-ce pour l'auteur une manière de se détendre et par conséquent de ne prendre au sérieux cette discipline ? Ou au contraire s'agit-il pour le scientifique d'un exercice fondamental en complément de sa discipline de référence. En réalité, les deux hypothèses répondent à ce besoin auquel se livre ici  Albert JACQUARD. 

Aussi ciblée et technique soit-elle, la génétique est un sujet constitutif de la vie en société. A n'en pas douter, cette discipline touche au plus profond de l'être humain en abordant le patrimoine génétique, l'individualité et par conséquent les paramètres de la vie humaine. C'est par conséquent une discipline qui nécessite de faire hautement appel à la réflexion. La célèbre phrase de Rabelais "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" prend alors tout son sens. De plus, la génétique et la philosophie ne sont-elles pas les deux jambes de la bioéthique ? 


Ainsi, à travers une approche concrète des sujets, ces deux livres concis mais riches éveillent à une conscience philosophique autant qu'à la nécessaire responsabilité collective dans notre quotidien.

J'ai découvert ce premier ouvrage en terminal alors que je débuttais les cours de philo. C'est le moment où l'on s'initie enfin au maniement des idées et où il nous est possible de mettre des concepts sur nos affects.
«Exprimer une idée, avoue Albert JACQUARD, est une activité difficile à laquelle il faut s'exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.»



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