11/04/2010

La famille, acteur de la solidarité


La famille, en ce sens qu’elle constitue le cercle premier de socialisation de l’enfant en devenir est la grande oubliée des politiques publiques. Pis, un émiettement des moyens s’observe ainsi qu’une culpabilisation des parents. En témoigne, cette hypothèse incessante de vouloir supprimer les allocations aux parents dont les enfants ne respectent pas le cadre légal à l’école ou en dehors. La famille se présente à la fois comme le premier acteur de l'éducation et le dernier rempart de la cohésion sociale.

En période de crise sociétale, la structure familiale apparaît comme une source de repères indispensable. Ce socle de valeurs pour l’individu doit par conséquent être préservée et renforcée afin de garantir l’ultime rempart de l’isolement et les déséquilibres sociaux. En effet, dans le processus de socialisation, la famille constitue une dimension importante de la construction identitaire. C’est en son sein que se manifestent les solidarités premières : « les solidarités familiales ». D’ailleurs, juridiquement, les parents sont dans l’obligation de subvenir aux besoins affectif et matériel non seulement jusqu’à la majorité de leur enfant mais au-delà, jusqu’à ce qu’il ai pris son autonomie.
Ils sont responsables des actes de leur enfant et c’est sur cet aspect juridique que le gouvernement s’appuie pour les pénaliser lorsqu'il joue avec cette idée de supprimer les allocations aux parents dont les enfants sèchent l'école.

Bien entendu, lorsque j’évoque le terme famille, il est à entendre dans son sens sociologique et à travers une acceptation moderne de sa structure. Loin de moi l’idée de réveiller un malheureusement célèbre slogan en trois mots d’un autre âge.

En outre dans toute méthode d’éducation le principe de la sanction n’est une solution durable que dans la mesure où celui-ci a un sens. Et ce pour les deux parties. Le geste éducatif doit par conséquent être accompagné d’une aide pour ne rester à l’état de culpabilisation. Le gouvernement aurait aujourd’hui bien tort de se positionner de manière autoritaire face à des parents en difficultés. Cette mesure, si elle était réellement mise en place constituerait un explosif au sein de la structure familial. Privé d’une allocation la famille au complet en subirait les conséquences.

Sans suppléer la fonction parentale, l’action de l’Etat doit s’inscrire dans le soutien et l’accompagnement. D’une part le soutien de l’enfant dans son apprentissage de l’autonomie et d’autre l’accompagnement des parents dans leur rôle quand ils apparaissent le plus souvent dépassés.

Afin de s’attaquer concrètement au problème de l’absentéisme scolaire, une proposition avait été avancée à l’automne dernier des rangs même du gouvernement. Il s'agissait de proposer au sein des classes le financement d'un projets tel qu'un voyage scolaire sous réserve que les élèves collectivement respectati au cours de l'année, le règlement scolaire. Cette idée de cagnotte avait fait grand bruit en mobilisant l’hostilité des pédagogues. Dans son incomplétude, cette mesure avait au moins le mérite de mettre les élèves face à leurs responsabilités d’une part et de proposer un outil concret pour l’enseignant.

Dans une interview donné à l’Express, Jean-Pierre RAFFARIN livrait il y a peu ses inquiétudes quant à l’évolution des familles.
Une priorité me paraît être l’éducation, surtout d’éducation familiale. On doit soutenir la famille sous toutes ses formes dans un rôle éducatif. Beaucoup de parents sont désemparés face à leurs adolescents. La société ne réussit plus à fixer des repères pour les jeunes générations. J’ai été étonné par l’absence du mot famille lors de la campagne des régionales.

Quand on voit s’amenuiser les financements qu’apportaient la CAF aux actions portant sur la parentalité, il y de quoi s’inquiéter en effet.

3 commentaires:

  1. REAC !

    Je partage ton inquiétude, d'autant que la "suppression des alloc'" est une idée Lepenniste... notre gouvernement actuel semble au-delà des régionales avoir besoin de toujours séduire l'électorat de l'extrême droite : une campagne perpétuelle en quelque sorte.
    Stigmatiser et sanctionner les familles dont les enfants ne vont pas à l'école par la suppression des allocations familiales, (parfois seule source de revenus de la famille), c'est détourner les allocations familiales de leur sens premier, c’est prendre les enfants et c'est aussi l'Ecole en otage.
    L'égalité des chances à l'école et par celle-ci, est encore un principe ici remis en cause. Le socle des valeurs s'effrite au profit d'une société parcellisée toujours plus fragilisée, où les générations s’opposent : les parents contre les enfants, les vieux contre les jeunes et où les classes s’opposent : les plus aisées pour qui le choix « révolté » de l’ado de quitter l’école n’aura pas d’impact sur le niveau de vie de la famille, une année sabbatique en quelque sorte, et les plus pauvres où la suppression des allocations sera une catastrophe source d’appauvrissement et de déshérence pour l’ado, dans le contexte professionnel actuel.
    Et si dans quelques esprits le fait pour les jeunes en âge d’être scolarisés d'aller à l'école est source de revenus et sa réciproque vraie, pourquoi ne pas les faire travailler dans l'espoir peut-être de gagner plus, de s'affranchir de toutes tutelles Républicaines ? une tentation : remettre les enfants et les ados dans les champs ? Biologiques, naturellement…

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  2. Il est toujours plus facile, quand on a peur et qu'on doute de soi, de réagir avec virulence en faisant preuve d'autoritarisme. Le résultat est rapide et efficace. La fin justifie les moyens. Mais cette réaction, aussi fructueuse est-elle dans l'immédiat, se montre en fait anti-éducative sur le long terme.
    Moi-même enseignante, je vis ces situations au quotidien. Quoi de plus efficace pour faire taire les bavardages d'un coup sec, qu'un bon "coup de gueule" menaçant? C'est sûr, le résultat est imminent, la classe se tait, on entendrait une mouche volée. Mais les retombées sont aussi désastreuses. Les enfants, qui procèdent beaucoup par mimétisme, répètent ces gestes violents entre eux, en aboyant à leur tour sur leur voisin, dès que l'occasion se présente, sans même s'en rendre compte. Certes, imiter le bruit des vagues dans la mer en soufflant doucement, murmurer une petite chanson ou recourir au visuel en mimant silencieusement un geste à reproduire pour recquérir l'attention des élèves, demande plus d'énergie et de patience quand on croule déjà sous la fatique. Mais non seulement le résultat final est le même (la classe retrouve le silence), mais en plus, les élèves intègrent ce code qu'ils reprennent à leur tour pour retrouver calme et sérénité.
    Le geste éducatif se fait dans le temps. Il a également besoin de moyens. Le gouvernement a très bien assimilé la culture contemporaine et populaire du "tout tout de suite", qu'il met très bien en pratique: "Vous avez dit problème? Je sanctionne. C'est gratuit, rapide et ça marche. Pourquoi chercher plus loin?"...

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  3. Je suis bien d'accord avec toi : la suppression des allocs aux parents, c'est une idée idiote qui ne responsabilise personne, mais au contraire culpabilise sans apporter la moindre solution au problème de fond : comment apprendre à éduquer ses enfants.

    Sans négliger tout le contexte socio-économique (conditions de logement, précarité de l'emploi, horaires de travail atypiques etc...) qui n'aide pas certaines familles à remplir au mieux cette fonction d'éducation, il me semble que l'on ne met pas assez en avant une autre cause : cette idée trop répandue et radicalement fausse que le "devoir" du parent est de répondre favorablement à tous les désirs exprimés, dès leur plus jeune âge, par les enfants, pour ne pas leur faire de peine et pour conserver "l'amour" des enfants envers les parents. En gros : donnons aux enfants tout ce qu'ils demandent, ne leur disons jamais "non", comme çà ils continueront à nous aimer. Or, c'est tout le contraire qui se produit : non seulement les enfants n'apprennent pas les limites et les règles de la société, mais ils en veulent violemment à leurs parents de ne pas pouvoir tout leur donner et leur épargner tout effort. Autrement dit, c'est le mythe de « l'enfant roi » qui se transforme en « tyran », totalement inadapté à la vie sociale et qui peut aller jusqu'à manifester les formes les plus hystériques de la maladie mentale.
    Conclusion : si l'Etat, les institutions, les collectivités, les associations etc... consacraient beaucoup plus d'efforts et de moyens à former les parents à leur "métier de parent" (combattre les fausses idées reçues en matière d'éducation, apprendre à dire "non" de manière positive face à toutes les sollicitations de la société etc...) et si ces "pouvoirs publics" veillaient à faciliter la tâche des parents dans l'exercice d'éducation de leurs enfants en améliorant les conditions de vie quotidienne (structures d'accueil de la petite enfance, accueil périscolaire, participation active des parents à l'organisation des choses, dédoublement des classes de CP pour l'acquisition de la lecture etc...etc...) plutôt que de recourir à des moyens répressifs qui ne résolvent rien, la société française préviendrait bien des problèmes de comportement (des incivilités jusqu'aux actes criminels) que l'on observe aujourd'hui de la part d'un certain nombre d'enfants et d'adolescents, le plus souvent en grande souffrance psychologique.
    Marcello

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