05/01/2010

[Portrait] L'humanité de Camus

Albert CAMUS au Panthéon. Ce ne serait pas le premier homme à y entrer. Mais quel plus beau projet qui, pour beaucoup tombe sous le sens. Dans la continuité de MALRAUX, ce serait la voie royale. L’œuvre d’Albert CAMUS est-elle compatible avec le Panthéon ? Comme l’indiquent les amoureux de la sagesse, seule la famille CAMUS peut en décider.



Il y a cinquante ans Camus s'échappait nous laissant le trésor de sa pensée.

Albert CAMUS, c’est l’intellectuel épanouit. Loin de l’image du rat de bibliothèque ermite, il conjugue en un unique dessein son existence et sa pensée. Tout doit être selon lui source de plaisir, comme dans l’Eté où il contemple la mer comme une fin. D’ailleurs ne dit-on pas de lui que sa pensée, son œuvre et enfin sa personne se confondent ? Qui mieux que ce personnage ose pousser si loin l’engagement dans les interstices de sa raison et de ses valeurs ? « Si j’avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais encore ma mère » répond-il à la question qui lui est posée au sujet de son positionnement sur l’indépendance de l’Algérie. Un parti pris entier qu’il assume dans son œuvre.

Camus c’est la justesse. Le meilleur compromis entre un Raymond ARON et un Jean-Paul SARTRE. A la déclaration historique : « il vaut mieux avoir tort avec SARTRE que raison avec ARON », Camus le Juste, incarne entre les deux, la vérité intellectuelle.
Sa mort ne laisse rien au hasard mais tout à l’absurde. Fidèle à la philosophie qu’il n’a cessé d’expliquer. Sa destinée et sa pensée se sont donc rejointes lorsqu’il a percuté ce platane, un jour de 1960. Faut-il donc imaginer Sisyphe heureux ?

Mais CAMUS, c’est aussi l’espoir. Son œuvre donne sens quand pourtant l’existence ne ressemble qu’à un triste sort. A défaut de pousser plus loin les limites de notre condition exigüe d’hommes, l’espérance est à ressortir de chacun de nos gestes. Autrement dit, la vie est un joyeux combat. Sa cigarette, n’est qu’un ornement, un rituel de l’époque. Rien de plus. Emblématique, Camus, c’est le seul personnage que Jean DANIEL ose placer comme sujet de son discours et donc avant lui-même dans ses propos. Et c’est peu dire que d’évoquer cela.

Avec CAMUS, le « je » de l’engagement sonne « nous ». Albert Camus s’est opposé au christianisme, au marxisme et à l’existentialisme. Il n’a cessé de lutter contre toutes les idéologies et les abstractions qui détournent de l’humain. En ce sens il incarne une des plus hautes consciences morales du XXème siècle.

                                          

A l’époque où j’étais également un écorché vif, j’ai parcouru les pages de la chute sur le chemin qui me menait de la gare au lycée. Je me suis retrouvé dans NOCES suivi de l’ETE à la campagne chez mes parents. J’ai découvert l’Exil et Le Royaume dans le métro rennais. J’ai apprécié le Mythe de Sisyphe durant ma première année de fac. Enfin, je me suis délecté de la lecture du Premier homme à l’aube de ma vie d’adulte. Puis j’ai découvert il y peu la biographie fouillée qu’à rédigé Olivier TODD alors que je ne m’y attendais plus. Aujourd’hui je peux dire que j’ai appris au contact de son œuvre que « la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme ». La révolte au sens de CAMUS passe par l’apaisement.
Albert CAMUS au Panthéon. Ce ne serait pas le premier homme à y rentrer. Mais quel plus beau projet qui, pour beaucoup tombe sous le sens. Dans la continuité de MALRAUX, ce serait la voie royale. L’œuvre d’Albert CAMUS est-elle compatible avec le Panthéon ? Comme l’indique Bernard PIVOT, seule la famille CAMUS peut en décider.


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