22/09/2008

[Médito] "A House is not a Home"

Qu’il soit sédentaire ou nomade, établi sur un territoire ou voyageur dans l’âme, l’Homme n’est jamais totalement apatride. En usant de son imagination et de sa mémoire, il se construit et transporte avec lui son univers, sans cesse à la recherche de repères. Avec ou sans confort, dans l’urgence ou au prix de longues années d’errance. Et la manière dont il façonne son espace de vie en dit long sur lui-même. Car l’intérieur d’une propriété est souvent le reflet de l’intériorité de ses résidents.

A la recherche d’un appartement ces dernières semaines, cette circonstance m’a donné l’occasion de visiter de nombreuses habitations. Je me suis alors rendu chez des gens inconnus, pénétrant leur univers familier. Au-delà du simple bâtiment, de ses murs, de l’aménagement intérieur, c’est une part de l’intimité des résidents que j’ai pu découvrir.Nos anciens, comme certaines personnes les appellent encore avec le plus grand respect, construisaient le plus souvent leur vie d’adulte dans une habitation unique qu’ils conservaient jusqu’à la fin de leur vie. On y trouve souvent de nombreux souvenirs à travers quantité d’objet de toute sorte qui incarnent la mémoire des lieux. Parfois les murs témoignent encore des traces de jeux d’enfants ou d’autres évènements qui se sont déroulés dans un décor qui a traversé les années. Il est par conséquent certaines demeures qui ressemblent à de vrais musées et dont la valeur affective est inestimable pour les vivants. Au même titre qu’une patrie confère une origine et une identité à chaque être humain, son espace de vie offre à l’individu un point d’attachement et des repères. Même les plus grands voyageurs conservent une résidence principale. Souvent ils l’a parent d’ornements ramenés des lointaines contrées qu’ils ont visitées. La résidence trouve là un nouveau cachet. Pour autant, malgré ce maquillage culturel, elle garde aux yeux des propriétaires une identité d’origine. Spacieux, vide, désordonné, confortable ou encore sombre l’identité que l’on donne à son habitation témoigne souvent de notre propre intériorité. 

[Le « chez soi » se caractérise alors comme le miroir d’une vie intérieure 
qui s’exprime par les formes, les couleurs, les objets.] 

C’est le carrefour de plusieurs identités partagées, celles de chacun des résidents. Identité qui s’enrichit aussi avec l’agrandissement du cercle familial.Vue sous cet angle, la demeure est une part de l’intime que l’on révèle à son entourage proche. C’est là une autre manière d’envisager la notion de propriété privée. Un espace entre la sphère strictement privée et la sphère publique. Un sas entre le for intérieur et la jungle du monde qui se joue dans les rues. A notre époque où la mobilité géographique fait partie de notre parcours de vie, nous sommes amenés à construire plusieurs fois un décor. C’est l’occasion de faire le point sur le chemin parcouru ou de marquer un tournant. Les voyages, les rencontres font évoluer nos goûts dont on laissera une empreinte ici ou là. Vue de l’extérieur, j’aime tout particulièrement la chaleur que dégage la lumière qui émane des fenêtres des habitations lorsque la nuit est tombée. Plus qu’une charge électrique, cette lumière est le témoin d’une richesse humaine sans doute inestimable. En épilogue, les vers que Beaudelaire signe dans le fleurs du mal illustrent parfaitement la définition que je donnerai à ce que je nomme sans autre imagination le chez soi : « là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté »

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